Article paru dans la revue Fibrosoleil 2011, par l’association de la fibromyalgie des Laurentides.
L’autohypnose au service de votre santé
Lorsque l’on fait appel à moi c’est souvent parce que la personne a déjà essayé les moyens conventionnels pour se soigner et veut maintenant explorer d’autres avenues. Souvent ces gens ont le goût de diminuer leur médication une fois la crise passée, c’est tout à fait normal, avec l’avis de leur médecin, bien sûr. C’est excellent, d’être en contact avec cette partie en nous qui nous pousse à rechercher des moyens pour retrouver notre équilibre, notre santé. C’est avec cet espoir que je perçois en eux que je peux travailler. Nous pouvons appeler cette portion saine, la partie nourricière.
Dans le cas par exemple de la douleur d’accouchement cette ouverture du subconscient est essentielle. La pratique des exercices d’autohypnose réduit le besoin d’utiliser les analgésiques de façon systématique.
En hypnose on ne peut rien promettre, je travaille avec le subconscient. Quelque fois le subconscient n’est pas très ouvert et c’est tout à fait normal et souhaitable lorsque vous regardez de la publicité par exemple. C’est toujours vous qui décidez, vous en avez le pouvoir. Apprendre à ouvrir son subconscient et à le fermer c’est possible, de cette façon vous n’aurez aucune crainte devant l’hypnose de spectacle.
Un ancêtre de l’hypnose, Paracelce, disait : «Supprimer l’imaginaire et la confiance et vous n’obtiendrez rien.»
En pratiquant l’autohypnose vous développez votre autonomie face à ce qui vous arrive. Vous dirigez votre pensée là où vous voulez. Dans le cas de la douleur par exemple, la dissociation est une façon de couper le message habituel qui passe dans les neurones. Comme si vous mettiez votre main sur votre bras pour apaiser une douleur. C’est un réflexe inscrit dans notre cerveau sauf que dans le cas de l’autohypnose j’introduis un autre réflexe qui agit autrement. Je compare cela à être guidé vers un autre chemin.
Dans un article de la revue Actualité de 2004, on mentionne que le psychologue Ronald Melzack de l’Université McGill publie en 1965, avec son confrère, la première théorie scientifique solide de la douleur. Il essaie de comprendre pourquoi des individus comme des joueurs de hockey se fracturent un tibia sans s’en rendre compte durant un match. À l’inverse, des amputés de longue date continuent, sans raison apparente, de ressentir de violentes douleurs périodiquement dans leurs membres perdus.
Il avance la théorie qu’il existe un portillon dans la moelle épinière qui filtre les signaux à l’endroit où il entre dans le système nerveux. C’est le cerveau qui commande l’ouverture du portillon, comme un douanier, il décide de ce qu’il doit laisser remonter au cerveau en fonction de ses expériences passées, des émotions du moment ou des valeurs culturelles qui l’ont modelé.
Il a fallu près de 30 ans avant qu’on commence à confirmer le schéma de Melzack. Catherine Bushnell, directrice du centre de recherche sur la douleur de l’Université McGill, est une des meilleurs spécialistes au monde de l’imagerie cérébrale de la douleur. Elle aussi avance la théorie que de la douleur sollicite aussi des neurones du système limbique, qui traite les émotions. En plus dans une autre partie du cerveau c’est l’activité des neurones qui semble liée au désagrément et à l’anticipation de la douleur. Et finalement une autre partie qui commande des fonctions vitales de l’organisme comme la pression artérielle et le rythme cardiaque. Elle mentionne pour conclure que d’autres zones encore inconnues interviennent peut-être aussi dans le traitement de l’information de la douleur.
Dans le même ordre d’idée Pierre Rainville, neuropsychologue de l’Université de Montréal, explore la piste des émotions. En 1997, ce chercheur a prouvé que l’hypnose agissait directement sur les zones du cerveau qui traitent la douleur. Il mentionne également que: «L’hypnose pourrait soulager bien des douleurs chroniques ou aiguë si elle était davantage acceptée par le corps médical».
Pour ma part, je garde espoir puisqu’il y a quelque année on n’aurait pas permis à un patient de se faire opéré sous hypnose tant dis que maintenant c’est possible.
Apprendre l’autohypnose dans le cas de la fibromyalgie, c’est commencer peut-être par introduire des suggestions pour aider à changer le mode d’anticipation face à tous les symptômes de ce syndrome. Comme contrôler l’anticipation négative des lendemains ou du futur, qui est aussi une source de douleur.
Une cliente qui souffrait de ce syndrome me disait, à son deuxième rendez-vous, qu’elle était étonnée de ressentir autant d’énergie après les nuits perturbées qu’elle avait passée. À notre première rencontre, sur une échelle de 10, elle avait évalué son énergie à 2-3, deux semaines plus tard, elle avait montée à 5 sur 10.
Durant les rencontres l’objectif préétabli peut changer si le client juge qu’il a atteint son but avec une problématique, s’il se sent prêt on passe à la suivante. Que ce soit la douleur, la fatigue ou le sommeil. L’ensemble de ces troubles génèrent des émotions qui dispersent et bousculent tout votre être à l’extrémité de la roue de la vie. L’autohypnose nous aide à nous ramener au centre de cette roue; là où les évènements de la vie ne peuvent nous atteindre autant. Je travaille avec la partie «saine» de la personne en montrant par exemple, comment la NOURRIR.
Comme je dis souvent : Observer vos cellules au microscope c’est bien mais travailler avec elles c’est encore mieux.
Josée Fortin Praticienne en hypnothérapie
Directrice de la clinique de gestion du stress